Un texte célèbre datant du Moyen Empire et connu sous le nom de la
Satire des métiers, entendait encourager l'apprenti scribe à considérer sa
profession comme la meilleure de toutes. En faisant ressortir les défauts
présumés des autres métiers, la Satire nous livre des détails
fascinants sur la vie des artisans égyptiens. Le passage qui suit en donne un
aperçu :
« [Le scribe apprenti] est [encore] un enfant [mais] il est traité
avec respect. On l'envoie en mission et, avant de rentrer, il se drape
dans un pagne.
« Je n'ai jamais vu envoyer en ambassade un sculpteur, ni un orfèvre.
« J'ai vu le forgeron au travail à la gueule de son four :
ses doigts sont comme de la peau de crocodile et il sent plus mauvais que
le frai de poisson.
« Tout charpentier qui travaille de l'herminette est plus
las que les laboureurs dans les champs. Son champ, c'est le bois, et sa
houe, le ciseau. Il n'y a jamais de fin à sa tâche, et il s'active au-delà
de ce que ses bras peuvent supporter [...].
« Le joaillier perce
soigneusement |
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dure. Il achève l'incrustation d'un oeil ; ses bras sont fatigués et il est las.
Il reste assis au crépuscule, les genoux et le dos crispés [...].
« Le potier est sous terre alors qu'il
compte parmi les vivants. Il fouille la boue, davantage qu'un porc, pour pouvoir
cuire ses pots. Ses vêtements sont raides de terre, son pagne est en lambeaux.
L'air qui entre dans ses narines est brûlant parce que sortant du feu. Il
piétine [l'argile] avec ses pieds et s'en trouve lui-même écrasé. »
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