Pendant la basse Antiquité, les prêtres égyptiens aimaient à raconter à leurs
visiteurs grecs ou romains les fabuleux exploits du pharaon Sesostris. Ses
conquêtes, était-il raconté, allaient des profondeurs de l'Afrique au
Proche-Orient, voire jusqu'en Scythie (le sud-ouest de l'actuelle Russie), et
nul autre conquérant ultérieur, pas même Darius Ier de Perse, ne put les
reprendre.
Cette image de Sesostris est manifestement un amalgame de plusieurs pharaons
guerriers de l'histoire égyptienne.En dernière analyse cependant, elle remonte
au trois pharaons de la XIIe dynastie nommés en égyptien Senouosret. Les
affaires étrangères occupèrent une bonne part de leur règne. Sesostris Ier
repoussa les frontières sud de l'Egypte et lança des incursions contre les
Lybiens. Sesostris II développa les échanges commerciaux avec la Nubie et les
Etats d'Asie occidentale. Sesostris III fit personnelement campagne en Asie.
Depuis le cordon de forts commencé par ses prédécesseurs sur la frontière
méridionale et achevé par lui, il se livra à de nombreuses avancées en Nubie.
Apparemment, il obtint assez de succès au cours de ces expéditions pour se
gagner durablement, dans le Sud, la réputation d'un dieu.
Déjà déifié à la fin du Moyen Empire, Sesostris III recevait encore un culte
de la part de ses grands successeurs, les grands pharaons guerriers des XVIIIe
et XIXe dynasties, y comprit Touthmosis III et Ramsès II (dont les hauts faits
contribuèrent de plus belle à la légende de Sesostris). Le récit vivant et
personnel que Senouosret III a fait de ses exploits survit sur une tablette de
pierre, spécialement commandée par le roi pour les
immortaliser.
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